Le
château du Douhet, qui se
trouve à mi-distance, environ, de
Saintes et de
Saint-Jean-d’Angely,
est entouré d’un parc d’une vingtaine d’hectares et d’une magnifique
forêt de buis centenaires, dont beaucoup, hélas, n’ont pas résisté à la
terrible tempête de décembre 1999.
«
Une des chambres du château est hantée, tout cela
est de notoriété publique, reconnaît
Jacques Tanner,
le dynamique maire de cette commune qui regroupe six cent cinquante
habitants. » Le premier élu est fier de ce monument historique, un
des trésors de
Saintonge, qui accueille chaque année
des milliers de visiteurs, tout comme la magnifique église romane du
XII° siècle, située à proximité et qui a été restaurée récemment. Mais
revenons au château actuel, construit vers 1680- peut-être par
Vauban-
pour le compte du seigneur
Renaud de Pons, sur les
ruines d’un ancien château fort détruit par un incendie en 1652. A
l’intérieur, il faut absolument voir le salon en forme de lanterne- d’où
son nom de «
salon de la lanterne »- de superbes boiseries,
sculptures et moulures d’époque. Dans le parc, un aqueduc alimente deux
bassins, situés sous les fenêtres du château, à proximité d’un
amphithéâtre romain.
Depuis 1946, le
château du Douhet est
la propriété de la famille
Damilleville. « Mes parents-
ils sont aujourd’hui décédés- avaient lu une annonce et avaient tout de
suite eu le coup de foudre, se souvient
Alain, un
homme de soixante-quinze ans, l’un des treize enfants de la famille, et
qui s’occupe de l’entretien de la propriété. Dans une partie du château,
mon père avait installé ses ateliers de confections.
Mais au
bruit des machines à coudre se sont bientôt ajoutés d’autres bruits
dérangeants, un vacarme étrange, inexplicable. »
D’abord sceptique,
Jean Damilleville va
se ranger à l’avis d’
Andrée, son épouse. Il alerte
l’exorciste du diocèse de
Saintes qui se rend sur place
et officie en dispensant son rituel dans chacune des pièces. Mais les
phénomènes ne s’arrêtent pas pour autant et, le soir même, les volets se
mettent à claquer, les fenêtres s’ouvrent et se ferment sans raison
apparente alors que le temps est calme et qu’il n’y a pas de vent.
Parallèlement à ces faits, vont se produire, dans l’une des chambres,
d’autres manifestations plus étranges encore, voire carrément
inquiétantes. Un écriteau placardé à l’entrée de la chambre prévient du
reste les visiteurs que cette alcôve est restée inoccupée suite à
certains faits «
inexpliqués » et qu’il est interdit d’y
pénétrer. Ce qui s’est déroulé dans cette chambre dite jaune- depuis que
FR3 y a tourné un film d’après l’œuvre de
Gaston
Leroux- fait en effet froid dans le dos !
Toutes les victimes, qui ont dormi là, sont
unanimes : elles ont d’abord l’impression que quelqu’un est assis au
bord du lit. Puis elles ressentent une pression ou un poids,
d’abord sur les pieds, puis sur les genoux et enfin sur la poitrine. «
Beaucoup
de gens ont pu constater ces phénomènes, précise
Alain
Damilleville. Des membres de la famille, bien évidemment,
mais aussi d’autres personnes également qui, avant la visite de
l’esprit, n’étaient au courant de rien. Barbara,
par exemple, une amie de ma sœur aînée, qui est ensuite devenue ma
femme. » Les intéressés ressentent comme un malaise, un début de
paralysie. C’est généralement à ce moment-là qu’ils se réveillent ! Tous
ceux-là ne sont pas près d’oublier ! Mais qui est donc cet esprit «
coucheur » ? Personne ne peut le dire, ces faits restant inexpliqués. Pourtant
il y aura 10 ans,
A. Damilleville a reçu une visite
surprenante. Celle d’un médium. «
J’ai été contacté par des
esprits, affirmait celui-ci. Il y a eu ici des morts violentes… » Tout en parlant, l’homme s’est dirigé vers la chambre jaune, puis
celle, toute proche, de
Mgr de la Rochefoucauld,
l’évêque de
Saintes assassiné à
Paris en 1792, avant de revenir sur ces pas. «
C’est ici, j’entends
parler… Je vois des dames en crinoline s’enfuir, emprunter un escalier,
poursuivies par des hommes revêtus de grands chapeaux et armés de
fourches. Il y a aussi des baïonnettes aussi…J’entends des cris… »
La vision s’est arrêtée là, que s’est-il
exactement passé dans ces lieux ? «
Le château a été pillé à la révolution, raconte
Alain
Damilleville, mais je ne savais pas qu’il y avait eu des
morts violentes car, ce qui est extraordinaire dans le témoignages du
médium, c’est que la chambre hantée a été créée, au début du siècle, par
un ancien propriétaire. Avant, c’était une entrée. Et derrière la
cloison, il y a effectivement un escalier qui mène à des appartements
situés à l’étage supérieur… » Le «
fantôme coucheur »
est-il celui d’une de ces personnes poursuivies par les pillards et qui
cherche la sortie ? Nul ne peut le dire. Ce qui est sûr, c’est que le
château
du Douhet est riche en événement qui ont jalonné les siècles.
Architecture, Histoire et frissons… il mérite le détour ! Alors, si vous
êtes de passage, n’hésitez pas. Vous aurez peut-être la chance de
croiser le fantôme des lieux…