De tous temps, les hommes ont ressenti l'influence de la Nature et des différents composants de l'univers sur leur vie et manière d'exister. La sorcellerie a des origines très anciennes et surtout difficiles à situer. Pour les expliquer, différentes théories ont été avancées au fil du temps par d'innombrables scientifiques, théologiens, anthropologues ou écrivains.
Cela débute par la Préhistoire, où déjà, pour aider sa tribu, celui qui possédait des dons particuliers endossait le rôle de Sorcier. Intermédiaire entre les Hommes, la Nature et l'Au-delà, ce chaman pouvait favoriser la chasse, soigner et guérir les blessures ou arrêter la pluie...
Plus tard, on rencontre les anciennes croyances pré-chrétiennes issues de Mésopotamie, de Perse ou de Chaldée. Les Chaldéens, notamment, pratiquaient des sacrifices dans un panthéon habité par des Dieux redoutables, afin de conjurer leur fureur. En Perse, la doctrine religieuse prônée par Zaraoustre, alias
Zarathoustra, faisait la part belle à la sorcellerie (on croyait que les ongles et les cheveux, une fois détachés du corps, appartenaient au Malin comme demeure de malpropreté).
Cette méfiance à l'égard des cheveux et des ongles se retrouve un peu partout : chez les Turcs ou les Gauchos du Chili qui cachent les cheveux dans les lézardes des murs, chez les Arméniens qui les dissimulent dans les églises, en Irlande où on mettait de côté les cheveux coupés afin de les récupérer au Jugement Dernier (suivant les paroles de la bible, les cheveux de chacun sont comptés par le Tout-Puissant). En France, jusqu'au XVIème siècle, on croyait que les insectes nuisibles étaient le fruit d'une corruption des cheveux ou des ongles. Ainsi, en Bretagne, on pensait que les cheveux emportés par le vent se transformaient en mouches (Belzébuth, l'un des Princes des démons, était d'ailleurs appelé le « Dieu des Mouches »).
Paracelse (1493-1541)
Médecin suisse
Selon
Paracelse, « Les sorcières donnaient à Satan leurs cheveux en garantie du contrat qu'elles passent avec lui ».
Les inquisiteurs et les chasseurs de sorcières n'ignoraient pas ce caractère démoniaque des cheveux, c'est pourquoi ils prenaient soin de tondre les sorcières au moment de les interroger.
Margaret Murray (1863-1963)
Archéologue, anthropologue
et écrivain britannique.
Ces antiques croyances, mélangées aux superstitions et au folklore local, donnèrent lieu à un ensemble de pratiques et de rituels magiques d'essence païenne, la « religion des sorcières ». Cette religion, fondée sur l'adoration du bouc (symbole de puissance sexuelle), sur la magie et la connaissance des plantes, a traversé l'Europe d'Est en Ouest touchant essentiellement les paysans, les serfs et les gens du peuple (les classes plus évoluées de la société préférant se convertir au christianisme).
Voici à ce sujet, la théorie de
Margaret Murray, anthropologue britannique de la fin du XIXème siècle.
Aux temps préhistoriques les humains adoraient des divinités très différentes de celles que nous adorons aujourd'hui. L'une d'elle était la
Déesse Mère, Diane, la Reine du Ciel, qui incarnait la création, la naissance, la cueillette, la récolte et les mois d'été.
L'autre était le
Dieu Cornu, à la peau d'animal et aux sabots fourchus, incarnant la chasse, l'acte de tuer pour manger et les mois d'hiver.
L'année était divisée entre l'adoration de ces deux divinités. Ces deux dieux étaient très anciens et très puissants. Même quand le christianisme devint la religion établie, on ne peut supprimer leurs cultes. Souvent on adorait simultanément dieux chrétiens et païens. C'est pourquoi, on décida de faire naître le Christ un 25 décembre, 4 jours après le solstice d'hiver : les chrétiens voulurent ainsi attirer les adorateurs du soleil dans le giron de la chrétienté.
Dieu cornu (en haut) et
Diane chasseresse (en bas)
Quand les chrétiens furent solidement implantés, les païens, qui subsistaient à cette extermination, passèrent dans la clandestinité. Les chrétiens nommèrent alors leurs dieux « démons » et qualifièrent de démoniaques leurs pratiques religieuses.
Ceux qui persistaient à honorer les anciens dieux le faisait désormais en secret ; ils se rencontraient en des lieux isolés : landes, forêts, bosquets. Les chrétiens appelaient maintenant leur dieu cornu « Diable » et leur Reine du Ciel fut métamorphosée en mère vierge du Christ.
C'est ainsi que le paganisme fut d'abord toléré, puis assimilé et enfin éliminé sans pitié. Mais son incidence sur les gens ne disparut jamais totalement et ceux qui continuaient à adorer les anciens dieux furent nommés Sorciers et Sorcières.
C'est pourtant de cette « religion sorcière » décrite par
Margaret Murray que se réclame la « Witches International Craft Association », organisation officielle de sorcières dont le siège est à New-York. L'une des émanations de cette association est la Wicca, née dans l'île de Man, où Monique Wilson, élue « reine des sorcières », fonda en 1951 un musée de la sorcellerie à Casteltown. En 1970, en plein mouvement hippie et psychédélique, la Wicca a tenu à Central Park (New-York) le premier congrès mondial de sorcellerie, d'où sont nés divers mouvements de revendication, tels que le Mouvement de Libération des Sorcières, l'Agence de Presse de Sorcières, le Bureau des Sorciers Conférenciés et la Ligue conte la Diffamation des Sorciers.
De nos jours, la sorcière moderne, héritière d'une tradition séculaire confirmée par l'expérience, devrait être une sorcière qui a repris sa place dans la société, qui a enrichi les recettes traditionnelles et élargi leurs domaines d'application au bien être et à la spiritualité. La magie est pour elle un chemin de vie, une façon de considérer le monde et la nature qui est un guide.