Psychologie du Lion:
Autoritaires, brusques, courageux
S'il est bien une chose que le Lion, ou la Lionne, ne supporte pas, c'est qu'on s'oppose à sa volonté. Car, ce qui frappe dès l'abord, c'est l'autorité du personnage. Autorité d'ailleurs bien assise, que confirment la prestance de la physionomie, la fougue du regard perçant et sombre, pour ainsi dire concentré, et la parole nette et précise. On ne fabrique pas l'autorité : on en a ou on n'en a pas. Cette autorité se traduit par une évidente brusquerie, une difficulté à contrôler les éclats, les élans, les gestes rapides parfois même brutaux. Car les fioritures ne sont pas le fort du Lion. Les nuances, la patience, tout cela l'ennuie. C'est l'être des actes violents, rapides, des actions d'éclat. Brusques, les natifs du Lion ont toujours le courage de leurs opinions. Ils ont même parfois un malin plaisir à déclencher le scandale.
Courageux, ils le sont aussi physiquement. Ils craignent l’échec plus que la mort, ce sont des lutteurs, souvent des guerriers. Ils savent payer de leur personne et mourir courageusement.
Démesurés, égotistes, francs
Ce courage ne va pas sans témérité et démesure. Car le grand danger qui menace les Lions c'est le « complexe de Phaéton », l’exaltation de l'ambition et de la vanité poussée jusqu'à l'aveuglement. Souvent les natifs et surtout les natives de ce signe mettent difficilement un frein à leur excitation.
Si le natif du Lion n'a pu avoir une vie conforme à ses ambitions (qu'il a puissantes), il sombre dans le complexe de l'échec et se replie souvent dans un monde d'exil et de paranoïa. II vit ses rêves de création et de domination sur un plan délirant dont on ne peut plus l'arracher, il se veut et se voit démiurge.
II est bien évident que cette conscience de soi exacerbée, cet individualisme parfois paroxystique s'accompagnent souvent de crises d'égotisme : tout gravite, tout procède de lui, il est nombril de la Terre. L'égotisme peut se manifester, à un échelon bénin, par des rages parfois puériles, des angoisses passagères dès qu'on s'occupe de quelqu'un d'autre mais il aboutit parfois à une hypertrophie narcissique dangereuse. Le Lion peut cependant se montrer généreux avec ceux qui l'entourent à une seule condition : qu'on ne le blesse jamais dans son orgueil, car plaie d'orgueil est pour lui mortelle. II ne faut jamais dire que le roi est nu !
Et pourtant, lui se montre plutôt franc dans ses assertions et catégorique dans ses jugements. II sait mal feindre et les situations ambiguës, peu claires, le gênent toujours. Comme il est sensible et que, parfois, la vérité coûte à entendre, il l'assène en chirurgien, rapidement, nettement, sans bavure. II n'accepte guère la discussion. Une fois sa décision prise elle est en général irrévocable. La franchise le soulage.
Gandin, héroïque, idéaliste
II y a un côté brillant chez le natif du Lion, provocant aussi. N'appelait-on pas, à l'époque romantique, les jeunes gens d'un certain monde des « lions » ? L'élégance naturelle, la prestance et l'amusement secret des natifs du signe pour les jeux de société, les servent toujours. Ils savent être mordants avec art, saignants avec la manière. Ils sacrifient cependant volontiers à la superficialité mondaine qui semble contradictoire avec le côté ambitieux et profond de leur nature. Mais ils savent que les salons peuvent servir leurs desseins. Mais cet être brillant sait aussi se monter valeureux si l'occasion l'exige. Cet héroïsme est la plupart du temps au service d'un profond idéalisme. Car le Lion se représente la vie au moins autant qu'il se veut lui-même en représentation. II ne peut vivre sans but, sans quelque chose qui le dépasse et à quoi il se consacre. L'idéaliste type qui choisit la mort par réalisme et par désespoir. Malgré son "acharnement à chercher", son ardent désir de changer l'homme et de transformer le monde, malgré son aspiration vers la lumière, c'est toujours la face nocturne de la condition humaine qu'il retrouve... A la fin cette face nocturne aura eu raison de lui. Ces phrases rappellent l'allégorie de la lutte entre le lion et le serpent : ici le reptile aura eu raison du fauve. II faut noter que ce désir de changer le monde se retrouve chez bien des natifs du même signe.
Justiciers, leaders, magnétiques
Le Lion est souvent défenseur de la veuve et de l'orphelin, redresseur de torts ou, plus précisément, sensible aux injustices. Car le Lion (ou la Lionne) a souvent son mot à dire. Ils ne craignent pas de se jeter dans la mêlée, de prendre la parole, voire même de la prendre avec éclat et de ne la rendre qu'à regret. Ils vivent pour une idée, sensibles à la grandeur, à la réussite, sachant souvent mal s'entourer parce que jaloux de leur gloire et de leur rôle de premier plan. Ils ont la force de certains personnages nietzschéens, solitaires; travaillant pour, avec, et au-delà de la foule. Ils sont dans le monde, enracinés.
Ses déchirements, le natif du Lion les vit avec intensité. D'autant plus que l'on se rallie à lui plus ou moins apparemment. On arrive difficilement à se soustraire au magnétisme qui émane de sa personne. On peut évidemment s'en trouver déçu, mais non sans l'avoir accompagné malgré soi un long bout de chemin. Car physiquement par sa prestance, moralement par sa rigueur, son échelle de valeurs bien personnelle, ses idées audacieuses, il entraîne à sa suite bien des personnes ; si elles ne peuvent le suivre, elles ressentiront vite l'amertume d'un Icare incapable de voler trop près du Soleil avec ses ailes de cire. Les femmes du signe, en particulier, sont souvent des égéries, aventurières, ne dédaignant pas le scandale pour préserver leur indépendance.
Névrosés, orgueilleux, passionnés
A vivre sans cesse à la pointe, à l'extrême limite d'eux-mêmes, les natifs (ou natives) du signe frôlent sans cesse la dépression, le doute torturant, la peur permanente de ne pas « se montrer à la hauteur ». II leur arrive souvent de sombrer dans la névrose. Ils finissent par se créer un monde à leur mesure, c'est-à-dire sans mesure. Quand le monde ne correspond pas à leur idéal, quand ils n'ont pas la chance, ou pas le force, de gravir les échelons, ils sombrent dans un complexe d'échec tragique. Parfois même, ils s'en servent pour édifier une oeuvre.
Car jamais le Lion ou la Lionne ne renoncent à leur orgueil. Ne resterait-il que lui, ils s'y cramponneraient. Impératif : ne pas perdre la face ! Leur culte du Moi ne souffre aucune entorse. Ils ont besoin pour vivre de ce miroir permanent que leur renvoie la société. Ils plongent dans la foule pour préserver leur individualité. Seul, sans public, un natif du Lion se trouve amputé. Son succès - même dans le domaine littéraire - est avant tout social. La passion est toujours présente. Les relations avec l'entourage sont toujours passionnelles. Seule la passion peut aveugler un moment le Lion et lui faire commettre des injustices qu'il s'efforcera par la suite loyalement de réparer, sans jamais avouer qu'il puisse s'être trompé.
Réalistes, sociaux, talentueux
Mais l'orgueil aveugle rarement le Lion au point de lui faire perdre le sens des réalités. Car c'est un idéaliste et non pas un rêveur comme le Cancérien ; il ne perd jamais de vue le monde dans lequel il vit : il gouverne, il travaille, il écrit. Ce réalisme est souvent cruel : dur et exigeant pour lui-même, le Lion l'est aussi pour les autres. II jauge les êtres à leur juste valeur, mais attend d'eux toujours un peu plus. II n'est jamais d'un optimisme béat : il agit en connaissance de cause, sans illusions mais avec une sûre appréciation des forces qu'il peut mettre dans la bataille. C'est précisément sa force, ce courage magnétique joint à un sens profond de la vie.
Car, à lui plus qu'à tout autre, s'adresse l'adage d'Aristote : « l'homme est un animal politique ». Peu sociable, il est pourtant social dans la mesure où il ne peut vivre enfermé entre quatre murs. II aime, nous l'avons dit, ceux que la société reconnaît comme « phares ». Au besoin, il donne un coup de pouce pour les faire reconnaître ou pour consacrer leur gloire. Son accès à la société est favorisé par ses talents riches et divers.
Uniques, volontaires
La destinée des Lions et des Lionnes est la plupart du temps unique ou exemplaire, il faut le reconnaître même si cela agace. Personne n'est irremplaçable, mais eux pourraient finir par le faire penser. Si le Cancérien ou le natif (ou native) des Poissons se laisse parfois plus facilement oublier, le Lion, sans cesse sous les projecteurs de la vie, de l'action, du travail, de l'amitié, de la guerre, des grandes causes, et des grandes aberrations, marque profondément son entourage, parfois exaspéré ou harassé. On est pour ou on est contre, avec autant de violence et souvent de passion inexplicable. Car presque toute la vie des natifs du signe a été une épreuve de volonté. Les capacités de travail, d'entreprise, d'exigence des Lions sont extraordinaires : tyranniques, ils crèvent leurs chevaux sous eux. Ils exigent d'eux-mêmes et des autres non pas trop, comme on le dit souvent, mais tout. Parfois malades, frappés par des malheurs terribles, accablés par la fatalité, condamnés à une mort proche, ils serrent les dents, grondent et refusent de se laisser abattre.