Psychologie du Capricorne:
Ascétique, bloqué, compétent
Le Capricorne sait s'imposer toutes les ascèses physiques ou mentales pour parvenir à un but; il a souvent une volonté de fer et une santé de. Tout, pour lui, passe par le filtre de la pensée qui nécessite une certaine rigueur, et la domination de soi avant de parvenir à la domination des autres. Le Capricorne est plus dominateur qu'ambitieux ; si ses qualités ne sont pas à la mesure de ses desseins, il arrive qu'il sombre dans un arrivisme obsessionnel ou dans un égocentrisme redoutable, se traduisant par une avidité captatrice : avarice, boulimie, désir d'un savoir encyclopédique, jalousie maladive, crises de possessions. Mais il est capable aussi des plus grandes ascèses. Pour les Capricorne, le chemin est semé d'épines mais, comme la chèvre du signe, il ne recherche pas les routes aplanies.
Cependant, cette manière de considérer le monde d'un promontoire, de s'en détacher le plus vite possible, de se convaincre que « tout n'est que vanité » présente des dangers. Peu à peu, le Capricorne a des difficultés à s'insérer dans un monde qui ne répond pas exactement à l'image qu'il s'en fait. II ressent des blocages pesants, en particulier affectifs : car souvent son enfance s'est déroulée loin de ses parents, ou bien auprès de parents froids ou trop occupés pour prendre soin de lui. II en a été profondément marqué et, plus tard, il rêve de trouver l'Amour avec un grand A pour déverser toute cette générosité, tout ce sens du sacrifice et du don qu'il sent en lui. Ses amours, il ne les trouve pas tout de suite et, s'il est déçu, il en garde une amertume éternelle qui le conduira à la fois vers des aventures nombreuses et sans lendemain et une misogynie profonde.
Ces blocages affectifs le conduisent souvent à des erreurs qui l'enferment plus avant dans sa solitude. Si son compagnon ou sa compagne répond à son ambition, à son besoin de se voir aimé et soutenu, il s'attachera à l'être aimé qui seul peut le délivrer de ce blocage.
Car il a du mal à ne pas aller droit vers l'essentiel. C'est pourquoi en général l'amour qu'on lui porte est mêlé d'une profonde estime. « Devoir » est son grand mot.
Les femmes du signe sont souvent des femmes réfléchies, conscientes de leur rang et des impératifs de leur position, qui agissent rarement sur des coups de tête. Professionnellement et socialement, les natifs du Capricorne se définissent donc par leur compétence extrême. Leur travail est sérieux, bien fait, ils en assument la pleine responsabilité et la réalisation sans bavures.
Défiant, effacé, froid
Le Capricorne n'est pas un chaleureux. II se tient sur ses gardes, il se méfie de tout. II n'a confiance qu'en lui-même, et encore... Pragmatique et fort peu intuitif, instinctif, encore moins, il veut des faits, des preuves. Par manque de souplesse naturelle, il est à peu près incapable de se mettre à la place de quelqu'un pour essayer de le comprendre, de livrer si peu que ce soit de lui-même. II se sent toujours mal à l'aise et en représentation, ne trouvant que difficilement le mot juste. Sa cérébralité lui joue parfois des tours quand il évolue dans un milieu de demi-teintes et de demi-mots. Lui aime la pleine lumière, l'évidence, la démonstration, la structure, l'ordre, la logique, l'explication didactique.
Cette attitude de retrait se traduit en public par une sorte de neutralité totale. Si vous rencontrez un être poli, réservé, aimable sans trop d'effusions et apparemment sans problème, alors vous aurez devant vous un Capricorne.
S'il répond par monosyllabes, sans découvrir sa garde, c est un Capricorne. Si une dame vous scrute et vous jauge, impassible et froide dans un coin de salon, et i vos efforts de galanterie, votre parade de séduction se brise devant son regard neutre comme la vague sur un rocher c'est une dame Capricorne. Beaux, avec une certaine allure les natifs du Capricorne ne se font en général jamais remarquer à leur arrivée. Ils n'aiment guère le brillant que peuvent manifester un natif des Gémeaux ou du Scorpion. Mais, ça et là, dans la conversation, on s'apercevra que les courtes phrases qu'ils placent, ou les rares exposés qu'ils font, une rare pertinence.
Ménagez vos efforts : ce n'est pas parce qu'on s'intéresse à eux qu'ils se réchauffent. En réponse à vos avances, vous risquez d'entendre tomber de cette bouche charmante sentence pleine de bon sens, prosaïque, et propre à couper tout élan. C'est que le Capricorne ne se soucie guère de paraître. Ses inhibitions personnelles, un certain complexe d'infériorité et d'insécurité se traduisent ainsi par une attitude physique jamais relâchée et toujours attentive mais lointaine, qui peut, parfois, paraître dédaigneuse.
Géomètre, humble, introverti
S'il n'a pas l'esprit de finesse, le Capricorne, nous l'avons vu, est doué d'un certain esprit de géométrie que l'on remarque. S'il méprise parfois le monde, ou aspire à s'en détacher, s'il manifeste une humilité totale devant les êtres brillants, et devant la puissance du Cosmos, le natif du Capricorne manifeste aussi l'orgueil même de son humilité, il est fier de sa solitude, de son originalité au sein de la création. Si pourtant le Capricorne sait se montrer humble, c'est qu'il connaît la valeur des choses et la faiblesse de l'homme devant la volonté de l'Univers. D'autre part, sa rigueur professionnelle empêche le Capricorne de se sentir trop content de soi. Au fond de tout ce qu'il accomplit, se love l'inquiétude. II déteste qu'on le flatte, qu'on lui dore la pilule ; il ne connaît que trop sa propre valeur et ses propres limites. Parler de lui-même autrement que comme modèle et structure, reflétant la structure cosmique, ne l'intéresse pas : il dédaigne l'anecdote.
Le natif du Capricorne a besoin de retrouver ses forces en plongeant en lui-même. Cet aspect de sa personnalité peut être dangereux car, s'il ne se domine pas, il peut le conduire à une régression, coupée de la vie. Nous avons jusqu'à présent dépeint précisément le comportement de l'être introverti, méditatif, qui se ferme aux arguments. II les accueille poliment mais ne les enregistre pas. II n'écoute que ce qu'il veut entendre. C'est pourquoi, on peut l'accuser de se montrer de mauvaise foi, ce qu'il trouvera injuste : vis-à-vis de la continuité de ses propres actes et dans sa propre vie, il est parfaitement conséquent.
Juge, lapidaire, misanthrope
Cette attitude générale le pousse d'ailleurs à s'ériger en juge, à prononcer quelques sentences sur lesquelles il est inutile d'essayer de le faire revenir. Inébranlable, il change difficilement d'avis ; lorsqu'il n'aime pas quelqu'un, il ne voit pas pourquoi il lui serait interdit de l'exprimer tout haut. Systématique, adorant réduire en équation les caractères les plus fantaisistes, discipliné, ayant souvent recours à un sens très personnel de la hiérarchie, dogmatique, le Capricorne peut s'attirer de nombreux ennemis s'il donne libre cours à son sens très particulier du mot-couperet et de l'humour, un humour d'écorché, souvent cruel, parfois sadique. Car il épingle à la perfection ses ennemis et ne revient jamais sur ses jugements. Le style du Capricorne est souvent lapidaire : formules, phrases simples, qui portent plus par leur dépouillement et leur effort de classicisme que par des formules alambiquées. S'il juge d'une façon si rapide et si tranchée, c'est que le Capricorne n'a pas une très grande tendresse pour ses semblables. S'il a un sens très robuste de l'amitié, il n'est pas l’« ami du genre humain ». Son goût de la solitude et de la vérité le porterait même à une certaine intolérance. Le Capricorne est souvent misanthrope.
Noble, ordonné, pudique
Cette misanthropie ne va pas cependant sans un certain souci de l'entourage, et un penchant à se draper dans des attitudes nobles, à peine théâtrales tant elles sont vécues véritablement. La noblesse des gestes leur paraît souvent un refuge : peu expansifs, ils ne savent guère comment agir pour montrer leur affection ou leur enthousiasme. Ils tombent parfois dans des démonstrations exagérées, parfois enfantines et un peu ridicules ; vient ensuite la stupeur et l'accablement, quand la neurasthénie les gagne à nouveau. Dans leurs moments d'expansion, ils peuvent offrir des cadeaux inattendus, énormes, presque étouffants car ils aiment s'attirer la reconnaissance.
Cette attitude, qui ne manque pas de classe, est souvent doublée d'un sens de l'ordre et de la clarté : dans leur intérieur ou chez leurs proches, ils ne souffrent pas de fantaisie, de nonchalance, ni de laisser-aller. Eux-mêmes ne savent pas travailler s'ils n'ont pas une vue immédiate du champ d'opérations. Le désordre les submerge et ils peuvent ainsi se laisser envahir et annihiler si on le leur impose. Les femmes, en particulier, seront très méticuleuses, avec un amour bien personnel de l'objet à sa place et du bureau en ordre. Malgré tout, il faut bien se dire que, si le Capricorne cache ses émotions et ses sensations, c'est bien plus par pudeur que par dureté. Pudique, le Capricorne l'est à l'extrême, et même pudibond. II souffre d'une timidité maladive, d'un malaise permanent lorsqu'il se trouve en contact avec d'autres personnes. II (ou elle) ne veut jamais être dupe, et imagine souvent des pièges où il n'y en a pas, allant jusqu'à souffrir d'un véritable et inquiétant complexe de persécution contre lequel il lutte, heureusement, à chaque instant pour pouvoir agir. II ouvre difficilement son intimité à ses amis et ne leur livre jamais tous ses secrets. C'est l'un des personnages du Zodiaque qui garde le plus longtemps cachés ses tourments les plus terribles : plus encore par difficulté de communiquer que par endurance.
Rigoriste, sardonique, tragique
Son côté « prof », moralisateur, son incapacité à fuir dans l'imaginaire, le rêve ou le cauchemar comme c'est le cas pour le Cancer, peut le porter à des extrémités sadiques. II manifeste aussi une autorité de tyran domestique sur ses proches et jusque dans ses amours. S'il n'a plus l'échappatoire du rêve et de l'imaginaire, il reste au Capricorne celui du rire. Rire mordant, rire grinçant. Cette capacité de rire vient d'une certaine inertie, d'une indifférence qui s'ajoute au souci d'objectivité.
Car M. ou Mme Capricorne sont des tragiques. Pas nécessairement de grands tragiques, mais il faut reconnaître qu'ils ont une vision tragique de la vie. S'ils se laissent égayer, si même ils apprécient le rire et la légèreté, ils ne parviennent pas à « sortir de leur coquille ». C'est à la fois leur grande qualité (patience, économie des forces, sens tactique, clarté de la conception) et leur grand défaut (sécheresse, incommunicabilité, sentiment d'être incompris, soif affective mal apaisée). C'est même leur sens tragique qui leur fait souvent dominer la situation lors des crises : les grandes causes sont leurs causes, les responsabilités ne les rebutent pas. Avec courage et dignité ils sauront toujours aller, sans se plaindre, au bout de leur destin.
Ulcéré, vulnérable, zélé
La nécessité de tout dire et de se faire croire immédiatement, le complexe d'inhibition et de persécution dont il arrive difficilement à se débarrasser, poussent souvent le Capricorne â provoquer et à agresser l'autre par instinct de défense. S'il se vante tant de n'être pas aimé ou plutôt de ne pas s'en soucier, c'est par une peur terrible de ne pas l'être. On reste difficilement indifférent à un Capricorne.
II fait souvent tout pour déplaire et plaît par des qualités qu'il ne se connaît même pas. Car il garde un secret : s'il n'aime guère l'humanité, il s'avoue, seul à seul, qu'il ne s'aime pas beaucoup non plus.
Guère tendre avec lui-même, il se révèle pour ses proches profondément vulnérable : irréductible, intègre, il sera blessé par les mensonges, les accommodements que d'autres acceptent pour vivre. Concessions ? Connaît pas. Sa volonté de ne pas jouer le jeu peut aller très loin, jusqu'au refus complet d'un monde qu'il réprouve.
II peut pécher par excès de zèle et, connaissant admirablement ses défauts et ses talons d'Achille, il cherchera à se lier à quelqu'un dont il appréciera les qualités de souplesse et d'adaptabilité : c'est souvent l'alliance du Capricorne et du Gémeaux, du chêne et du roseau.