Psychologie du Verseau:
Amical, beau, crédule
Le natif du Verseau a le culte de l'amitié. Sa porte reste toujours ouverte, on peut l'appeler, lui demander conseil ou consolation, il n'éludera jamais. Le Verseau est toujours un ami précieux, d'une sensibilité rare et sans cesse en éveil. Plus que tout autre, il répugne à la violence, s'éloigne tant qu'il peut des forces de l'instinct et des sensations : pour lui, plaisir et souffrance sont des mots qui passent, la plupart du temps, par le filtre de l'esprit. Ceux qui l'aiment d'un amour passionné en souffrent souvent : il préfère un foyer rempli d'amis à de longues soirées en tête à tête avec l'être aimé. Ouvert aux détresses du monde entier, il écoute moins volontiers les plaintes de ses proches. « Ami du bien public », il est rarement un amant attentionné ou une maîtresse attentive. C'est que souvent, il projette l'image de celui ou de celle qu'il attend sur un être de chair qui ne tarde pas à le décevoir en trahissant cette figuration préalable et abstraite. Cependant, souvent, l'amour se transforme en une amitié solide, précieuse et irremplaçable, en une vie à deux, tolérante et ouverte, dans le mariage ou l'union libre. Car le Verseau, soucieux de ne pas chagriner son prochain et de lui venir en aide, préserve aussi avec acharnement son indépendance.
La dignité, le côté aérien, élevé, éthéré, spiritualisé du Verseau se traduit par « une beauté de passeport ». Ce n'est pas tout à fait vrai ; souvent, s'il ne dégage pas le magnétisme du Lion ou du Sagittaire, le Verseau irradie une sérénité spirituelle qui impressionne son entourage. Tout passe par le crible de l'intelligence et de la sensibilité, tout en lui répugne au côté animal, jouisseur de l'homme ; et cette tension vers l'absolu, vers la pureté, se traduit par un certain retrait dans l'attitude par une expression étrange sur la physionomie, épurée, mystérieuse.
Cette aura, cette pureté de l'expression, vient souvent d'une extrême naïveté, d'une crédulité souvent périlleuse : il prête aux autres des qualités qu'ils n'ont pas et demeure tout étonné de ne pas les leur trouver. Toutefois, on le déçoit difficilement : il se désintéresse de la question plutôt que de s'y attarder et l'amertume ni le drame ne l'attirent.
Détaché, explorateur, fuyant
Luttant souvent contre l'emprise de la vie matérielle et quotidienne, aspirant à échapper au fardeau de la banalité et de l'efficacité sociale, le natif du Verseau semble parfois « planer » au-dessus des choses de la vie. Généreux, il redescend sur terre pour secourir les détresses, mais n'aime guère être contraint à une tension trop longue. Ses préoccupations échappent au tout-courant. La création, la transcendance, les grandes idées sont les seules choses dont il s'occupe. II peut paraître serein, il l'est rarement : s'il acquiert cet équilibre intérieur tant rêvé, c'est au prix de bien des sacrifices qui, il est vrai, lui coûtent moins qu'à d'autres. Mais la plupart du temps, c'est un écorché vif, qui souffre d'un mal souvent difficile à cerner, d'une « fureur de vivre pénible et délicieuse. Quand il la domine, il acquiert cette apparence détachée, élégante, courtoise et un peu absente qui charme ou irrite les autres.
Cependant cette froideur apparente cache, nous l'avons vu, une profonde et délicate sensibilité. Cette sensibilité se manifeste dans les grandes choses. Hommes et femmes du Verseau, curieux, aventureux, ne craignant ni dieu ni maître, sont des explorateurs et des pionniers, de quelque manière et à quelque niveau que cela se manifeste. La femme du Verseau n'est plus l'amazone du Sagittaire qui choquait par ses attitudes volontairement scandaleuses, c'est la femme libérée, solitaire, égale de l'homme, affranchie de tout préjugé qui bouleverse son époque mais impose sa liberté ; femme de coeur mais surtout de tête et d'esprit qui se passionne pour l'amour libre et les grandes découvertes.
Car on ne saurait retenir contre son gré un Verseau : dès qu'il en sent le moindre signe, il se hâte de fuir, de se dérober ; on l'accuse de se montrer déroutant, incompréhensible, mais il est conséquent avec lui-même.
Girouette, humain, irréel
La fantaisie des Verseau, leur émotivité, leur imagination, leur goût des innovations et des découvertes peuvent aussi entraîner des caractères plus regrettables : faiblesse, utopie, recherche de chimères. II ne faut pas oublier que le Soleil est en exil dans ce signe, c'est-à-dire que la réalisation suit parfois difficilement l'élaboration intellectuelle. Ainsi de grands et beaux projets peuvent ne jamais voir le jour. Trop de spiritualité peut nuire, et le Verseau dissonant risque de se voir affligé d'un caractère dont il n'est plus le maître et qui abandonne, désorienté, à la limite des tendances schizoïdes et des névroses.
Il serait dommage qu'il se laisse égarer par ses propres qualités car le Verseau est un être profondément humain, sensible aux souffrances et surtout aux injustices sociales. La devise du Verseau pourrait; en effet, être celle de la Révolution française, «Liberté, Egalité, Fraternité».
Malheureusement, le natif du signe a souvent du mal à rester en contact avec la réalité ; intuitif, il préfère participer continuellement à l'élaboration d'un avenir, qu'il a pressenti, parmi les premiers, que de l'assumer. II se plait plus volontiers « au pays des merveilles » ou « derrière le miroir » que dans la plate vie quotidienne. Même s'il lutte au creux de la mêlée, il reste attaché à l'irréel, au surréel. Pour le Verseau, la frontière se trace difficilement entre le monde réel et le monde imaginaire, celui de l'enfance, ou celui de l'adulte.
Libre, métaphysique, non conformiste
Audacieux, absolu, le Verseau veut la lune, c'est-à-dire la liberté totale. Cette liberté, il l'exige aussi pour les autres et ce qui le blesse tout particulièrement dans l'injustice sociale, c'est la dépendance qu'elle fait peser sur tout ce qui prétendument doit « servir» la société.
Les natifs du Verseau ont en effet besoin d'être libres pour suivre leur médiation personnelle, hors d'un temps auquel ils refusent de s'assujettir. On trouve nombre de musiciens parmi eux, adeptes de cet art le plus immatériel qui soit, le plus proche de la spiritualité, art des essences, dont les sons s'élèvent dans l'élément du Verseau. Cette indépendance et cette nécessité de la réflexion spirituelle, cosmique et métaphysique - où n'entre cependant guère la terreur de la mort, plutôt conçue comme un passage ou bien une consécration - s'accompagnent d'un total dédain du qu'en dira-t-on. A poursuivre leur musique intérieure, les natifs du Verseau ne manquent pas de choquer. Non conformistes, ils ne ménagent guère ce qu'ils comprennent mal : l'opinion. Leur impulsion curieuse et novatrice les empêche de s'arrêter à si peu de choses ; s'ils aiment être aimés, ils ne détestent pas non plus soulever la réprobation des médiocres. Ce qu'ils abhorrent ? l'indifférence. Ils ne peuvent souffrir de passer inaperçus de ne pas compter le moins du monde dans la vie d'un être qui a croisé leur chemin.
Original, prométhéen, rapide
Si le natif du Verseau aime bien scandaliser (comme les Sagittaire), ce n'est jamais gratuit : il est dans sa nature de se mettre sans cesse au défi de réaliser les choses les plus audacieuses. Sans cesse, le Verseau veut vaincre sa propre nature, les peurs qui l'entravent, tout ce qui l'alourdit, l'enchaîne à la terre. Original, il l'est aussi dans sa manière de réinventer la vie, l'art, l'amour, le monde imaginaire. II lui arrive de souffrir aussi de cette originalité souvent mal comprise par les autres, et qui, dans les cas dissonants, peut conduire à un goût paralysant de la contradiction pour la contradiction.
Plus timide qu'on ne le croit, le Verseau fuit en avant. II se contraint aux exploits. Généreux, révolté, il vole le feu aux dieux.
II est aidé par une intelligence prompte, rapide à saisir, à déduire, à répliquer ; il est fertile en paradoxes non sans une certaine coquetterie qui peut irriter son entourage et accroît encore le sentiment de malaise qu'on éprouve devant cet être fuyant et évasif qu'est le Verseau. II supporte mal les lenteurs autour de lui ; il voit loin, parfois trop loin pour des proches peu habitués à de tels bouleversements dans ta manière de penser. Incapable de perdre son temps ou de supporter l'ennui, le Verseau s'échappe par le moyen le plus rapide qu'il trouve à sa disposition.
Subtil, technicien, universel, vertigineux
A sa rapidité, le Verseau joint une certaine subtilité qui conquiert rapidement son entourage par la finesse de ses analyses psychologiques et les nuances qu'il apporte à ses jugements, souvent partiaux mais fondés. Tout en lui joue sur les affinités particulières, sur une longueur d'ondes qu'il établit avec l'être ou le sujet qui l'intéresse, et sur laquelle il se branche. Sa manière d'écouter est en effet particulière dans la mesure où il se coupe de tout ce qui peut le déranger venant de l'extérieur. Sa subtilité se manifeste également dans sa façon de voir les choses immédiatement sous leur angle le plus original, de les présenter sous un aspect qui les met mieux en lumière. Sa vision est claire, nette, et il répugne à condamner ce qu'il saisit dans les moindres détails.
La grossièreté, les jugements hâtifs, la lourdeur, la lenteur l'agacent particulièrement. C'est le raffiné par excellence, l'amateur d'idées neuves, d'arts élaborés, de personnalités exceptionnelles. Ce goût pour la nouveauté s'applique à tout ce qui relève du modernisme et, en particulier, de la civilisation des machines.
Cette fascination de la technique se place davantage sur un plan abstrait, esthétique ou philosophique que dans une participation réelle à l'ère industrielle, trop brute, trop peu raffinée pour attirer cet esprit curieux mais fin, séduit par la science et son apport à l'humanité, mais anxieux devant une mécanisation possible de la vie. Le Verseau est souvent un être qui se passionne pour bien des recherches ne concernant pas le moins du monde le métier qu'il exerce ou le contexte dans lequel il vit. Ses curiosités sont innombrables, il passe sa vie en autodidacte ouvert à tout, facilement converti à ce qui semble lui être le plus étranger.
II a en effet le talent, et le besoin, de dominer les situations, de se situer d'un point d'où il peut embrasser tout ce qui l'entoure. « Citoyen du monde », il refuse les étiquettes, les classements, les frontières quelles qu'elles soient. II a les idées larges, et comprend mal qu'on ne partage pas sa soif de savoir et d'échanges universels. Cela peut donner à son entourage le sentiment de côtoyer un être vertigineux, qui ne craint ni l'infiniment grand ni l'infiniment petit, qui se place d'emblée sur le plan le plus général, de plain-pied avec les grands problèmes qu'il manie avec la plus parfaite aisance. Le fréquenter demande une certaine adaptation à son univers, il faut s'y intégrer bon gré mal gré, lui-même ne comprenant ni les réticences, ni les hésitations