Godiva (Lady Godiva, aussi appelée Godgifu) était une Dame saxonne qui, au début de l'An 1000 d'après la légende, a traversé nue à cheval les rues de Coventry en Angleterre, afin de convaincre son mari de diminuer les impôts qu'il prélevait pour financer ses campagnes militaires;
Légende
L'histoire raconte qu'elle était la belle épouse de Leofric III (968-1057), comte de Mercie et seigneur de Coventry. Les habitants de cette ville souffraient sous l'imposition accablante du comte. À plusieurs reprises, Dame Godiva fit appel à son mari, qui refusait obstinément de diminuer les taxes. Enfin, las, il prétendit satisfaire à sa demande si elle montait à cheval nue dans les rues de la ville. Dame Godiva le prit au mot, et traversa la ville, vêtue seulement de ses longs cheveux. Son mari tint sa promesse et supprima les impôts onéreux.
La forme la plus ancienne de la légende raconte le passage de Godiva au marché de Coventry, d'une extrémité à l'autre alors que le peuple était rassemblé, surveillé seulement par deux cavalières (vêtues). Cette version est narrée dans Flores Historiarum par Roger de Wendover (décédé en 1236), un collectionneur d'anecdotes quelque peu crédule, qui citait lui-même un autre auteur plus ancien.
Lady Godiva, par John Collier, 1898On pense généralement que les cheveux longs de Godiva est une partie de la légende ajoutée postérieurement. Certains autres éléments thématiques sont familiers dans une fable : le seigneur intransigeant, la promesse exigée, des conditions de vie très difficiles, la chasteté. Un élément par contre ne l'est pas : la puissance et l'indépendance d'une veuve anglo-saxonne de la classe aristocratique.
Lady Godiva par Edmund Blair Leighton, 1892Une des variantes de la légende veut que les habitants de Coventry, pour montrer leur reconnaissance envers leur Dame, se soient tous enfermés chez eux pendant son passage. Seul un curieux, nommé Tom, aurait osé enfreindre la consigne et aurait jeté un coup d'œil à la dérobée ; mais en punition il devint sur-le-champ aveugle. C'est de là que vient l'expression anglaise « Peeping Tom », très souvent remplacée dans la langue actuelle par le français « voyeur ». Selon certaines sources cette légende serait née en 1586 : on aurait demandé au peintre Adam van Noort de représenter l'épisode et il aurait montré Leofric en train de regarder sa femme par la fenêtre pour constater qu'elle exécutait effectivement sa promesse. Le public aurait mal interprété ce détail, prenant le comte pour un simple indiscret.
Réalité
Statue de Lady Godiva à CoventryIl est certain qu'une dame de ce nom a existé au XIe siècle, comme le démontrent plusieurs documents antiques, comme la charte de Stow, la charte de Spalding, et l'enquête de Domesday, bien que l'épellation du nom change considérablement suivant les écrits. Il apparaîtrait dans les chroniques d'Ely (Liber Eliensis), à la fin du XIIe siècle, qu'elle était veuve quand Leofric l'a épousée en 1040. Elle a aidé à la fondation d'un monastère à Stow, Lincolnshire. En 1043, elle persuade son mari de construire un monastère bénédictin à Coventry. Sa devise, « di Ego Godiva Comitissa diu istud desideravi », a été trouvée sur la charte donnée par son frère, Thorold de Bucknall, shérif de Lincolnshire, au monastère bénédictin de Spalding ; et elle est commémorée comme bienfaitrice dans d'autres monastères, à Leominster, Chester, Wenlock, Worcester, et Evesham. Son nom est mentionné dans l'enquête de Domesday de 1085, comme une des quelques Anglo-Saxons à défendre leurs terres après sa conquête, et la seule femme mentionnée en tant que détentrice d'un fief. Elle est probablement morte quelques années plus tard et a été enterrée sous un des porches de l'église de l'abbaye. Dugdale (1656) affirma qu'une veuve, avec des représentations de Leofric et Godiva, a été placée dans l'église de la Trinité, à Coventry, pendant le règne de Richard II.
Au XIIIe siècle le roi Édouard 1er a voulu savoir exactement ce qu'il en était de cette légende. L'étude des annales de Coventry a bien confirmé qu'à partir de 1057 l'impôt n'a effectivement plus été perçu mais on n'a trouvé aucune preuve que ce fût dû à l'événement qu'on raconte.
Le cortège de Godiva, commémoration du tour légendaire institué le 31 mai 1678, en tant qu'élément de la foire de Coventry, a été célébré régulièrement jusqu'en 1826. De 1848 à 1887 il a été rétabli, et continue encore aujourd'hui. Les participants s'habillent en costumes du XIe siècle. Le défilé commence à partir des ruines de l'ancienne cathédrale et emprunte l'itinéraire suivi autrefois par la courageuse lady, passant bien sûr près de son monument. On joue des musiques d'époque et divers concours sont organisés, dont le plus populaire celui de la meilleure lady Godiva. Il faut préciser que c'est habillées, en costumes du XIe siècle cela va de soi, que les femmes y participent ; la seule condition, absolue, est d'avoir des cheveux longs et dorés.
Malgré l'étrangeté de la chose, il arrive que des boutiques de vêtements prennent le nom de « Lady Godiva ».