L' autostoppeur fantôme est un
phénomène dans lequel des gens voyageant en véhicule rencontrent un
autostoppeur qui s'évanouit par la suite sans explication, souvent à
bord du véhicule en mouvement. Les récits d'autostoppeurs fantômes ont
été rapportés depuis des siècles et l'histoire se retrouve dans le monde
entier, avec de nombreuses variantes.
Le terme est devenu bien plus connu du grand public avec la publication
en 1981 du livre de Jan Harold Brunvand The Vanishing Hitchhiker, qui
fit connaitre les légendes urbaines auprès du grand public.
Situation de base
L'autostoppeur fantôme typique
est une silhouette vue dans les phares d'une voiture voyageant de nuit
avec un seul occupant.
La silhouette prend la pose
d'un auto-stoppeur. Le conducteur s'arrête et propose le trajet à la
silhouette. le trajet se déroule, parfois dans un silence total, et à un
moment ultérieur, le passager semble s'évanouir tandis que le véhicule
est en mouvement.
Variantes
Dans une variante courante de
la situation précédente, l'autostoppeur fantôme qui quitte le véhicule
comme le ferait un passager normal, en laissant un objet dans la
voiture, ou en ayant emprunté un habit pour se protéger du froid (que
les conditions climatiques reflètent ou non cette affirmation).
L'autostoppeur fantôme peut également laisser quelque forme
d'information censée encourager le conducteur à reprendre contact avec
lui plus tard.
Dans de tels récits, le
vêtement emprunté est souvent ultérieurement retrouvé drapant une pierre
tombale dans un cimetière local. Dans cette version, et dans la version
de l' "information donnée", le conducteur naïf recontacte plus tard la
famille de la personne décédée et découvre que son passager d'alors
correspond à la description d'un membre de la famille tué dans des
circonstances inattendues (souvent dans un accident de voiture) et que
la rencontre du conducteur avec l'autostoppeur fantôme est arrivée à
l'anniversaire de sa mort.
Tous les récits d'autostoppeurs
fantômes font intervenir des fantômes soi-disant récurrents. Une
variante populaire à Hawaii fait intervenir la déesse Pele, voyageant
sur les routes incognito et récompensant les voyageurs attentionnés.
D'autres variantes font
intervenir des autostoppeurs phophètes qui prononcent des divinations
(typiquement de catastrophes sur le point de se produire ou d'autres
maux) avant de disparaitre.
Anciens autostoppeurs fantômes
Malgré les apparences,
l'autostoppeur fantôme n'a pas confiné ses pérégrinations aux aires
d'autoroute et aux sentiers des vingtième et vingt-et-unième siècles.
Un manuscrit de 1602 détenu par
la bibliothèque Linköping en Suède décrit un compte-rendu
reconnaissable de l'autostoppeur fantôme. Intitulé Om the tekn och
widunder som föregingo thet liturgiske owäsendet, il est l'œuvre d'un
universitaire nommé Joan Petri Klint (mort en 1608). L'œuvre de Klint
est une collection quasiment journalistique d'événements étranges et de
présages, qui dans son esprit apocalyptique augurent du triomphe de la
réforme protestante.
Un compte-rendu date de février
1602 et fut rapporté par un vicaire anonyme connu par Klint qui
revenait d'une fête de chandeleur à Västergötland à la ville de Vadstena
en traineau. Les trois hommes s'arrêtèrent pour prendre une jeune fille
sur le bord de la route. Quand ils firent halte pour entrer dans une
auberge se rafraîchir, la fille demanda à boire et se vit offrir un
broc. Elle n'en but pas, et le vicaire surpris observa que la bière
s'était changée en malt. Un second broc fut apporté et donnée à la jeune
fille quand, à la consternation générale, il se changea mystérieusement
en glands. Le vicaire apporta un troisière broc en observant de près,
pour voir que son contenu se transformait en sang lorsque la jeune fille
le saisit. À ce moment, la passagère annonça: "Il y aura des bonnes
récoltes cette année. Il y aura assez de fruits sur les arbres. Il y
aura aussi de nombreuses guerres et épidémies." Après avoir délivré
cette information, elle s'évanouit.
Une ballade anglaise, trouvée
dans une anthologie de 1723, relate l'histoire d' Un miracle de Suffolk
(A Suffolk Wonder), dont l'appellation mystérieuse est expliquée par le
long sous-titre: Ou, une relation entre un jeune homme, qui, un mois
après sa mort, apparut à sa bien-aimée, et l'emmena sur son cheval
derrière lui sur quarante milles en deux heures, et ne fut jamais revu
après cela sauf sans sa tombe.
La fille se voit offrir une
place sur le cheval -- vraisemblablement un cheval solide, pas des
moindre étant donné que la fille le reconnaît comme appartemant à ses
parents -- par son feu amant.
L'amant avait auparavant été
séparé de la fille par ses parents désapprobateurs, et pendant ce temps
il avait (à l'insu de sa tendre) expiré d'un amour unilatéral. Il
emprunte un mouchoir à son ancien amour pour le nouer autour de sa tête
souffrante, et cela devient le moyen par lequel les parents incrédules
constatent la véracité du récit de leur fille. Ce n'est pas le paroxysme
du conte. Dans un véritable style mélodramatique, le choc et la
tristesse de ce double coup dur -- la mort de son amant et son
apparition fantômatique -- entraînent la mort de la jeune fille.
Cette ballade remonte elle-même
à des sources bien plus anciennes, bien que à cause de la nature
apparemment récurrente du phénomène de l'autostoppeur fantôme, il soit
difficile de séparer les faits de la fiction.
Erlkönig de Goethe (1782)
montre également des similitudes avec l'histoire de l'autostoppeur
fantôme. Un père et son jeune fils rentrent chez eux à cheval par une
nuit venteuse. Le garçon entend la voix du roi des aulnes, le tentant de
quitter son père. Le roi (invisible pour le parent soucieux) attrape
l'enfant.