Psychologie des Poissons:
Affectueux, brouillon, chaotique
Très sensible, hyper-émotif, le natif des Poissons ressent profondément les témoignages de tendresse comme les reproches ; Mme Poissons, en particulier, fond en larmes assez facilement ou se renfrogne et s'évade dans l'imaginaire. II (ou elle) peut avoir des attentions d'une délicatesse extrême, écoute avec attention, console avec douceur.
M, ou Mme Poissons sont incapables de jouer aux durs, même s'ils témoignent parfois, d'une autre sorte de cruauté souvent plus redoutable, celle de l'indifférence soudaine et de la fuite. Fidèles, ils peuvent avoir ce que la langue allemande appelle, avec poésie, des « Seitesprünge » (aventures parallèles, exactement « sauts de côté »). De ces aventures de hasard, qu'ils n'ont pas su refuser ou que l'occasion, l'herbe tendre (ils y sont sensibles) ont amenées, ils ne se délivreront qu'avec un mal extrême car, par peur de faire souffrir, ils n'osent jamais dire non : ils préfèrent s'éclipser. Affectueux et sensuels, ils ne connaissent guère les grandes jalousies ; ils savent comprendre et pardonner et ne craignent pas l'épreuve qu'un obscur masochisme les pousse à accepter.
Malheureusement pour eux - et parfois pour les autres - leurs pensées ne sont pas toujours très claires. Inconséquents, ils ont du mal à suivre toujours la même idée et à ne pas virer de bord. Leur sillage est souvent fantaisiste, et ils se plaisent tout particulièrement à brouiller les pistes pour sauvegarder leur indépendance. Leur grand plaisir est d'égarer ceux qui veulent à tout prix cerner leur nature, la réduire à une étiquette ou du moins à des normes. Ils aiment transformer la vie, mystifier, et se soucient finalement fort peu de l'avis des autres. Quand on commence à se fâcher, ils s'en sortent avec un grand sourire et leur charme fait oublier les griefs, mal définis, qu'on voulait leur opposer. Ils sont, bien sûr, puissamment attirés par les univers étranges et troubles, dont ils aiment la confusion.
Cette confusion, et une certaine incohérence que l'on peut observer chez quelques Poissons, plus neptuniens que jupitériens, n'est que le reflet d'une nostalgie de fusion universelle, de retour à un chaos fécond, au sortir duquel un monde totalement différent, totalement neuf, s'élèvera : ils rêvent d'autres mondes, mondes de l'inconscient, de l'occulte, du mystère, de l'imaginaire ; mondes qui n'auront plus rien a voir avec la triste réalité ; mondes transfigurés par l'amour, érotisme sombre, l'amitié, la médiumnité (avec un côté fleur bleue parfois aussi).
Désintéressés, errants, flous
S'il est un être dénué de tout égoïsme, c'est bien le natif des Poissons. S'il manifeste quelque égocentrisme apparent, c'est soit par indifférence, soit par goût de l'exploration intérieure - jamais par intérêt. D'abord, il sait mal tirer des plans sur la comète, inventer des stratégies, prévoir à trop long terme. La vie le prend souvent au dépourvu. Vulnérable, susceptible, il domine rarement la situation et se laisse posséder par les autres beaucoup plus que l'inverse. S'il est « tricheur », c'est souvent à son détriment. Son désintérêt va parfois jusqu'à la dissolution totale du moi ; il veut le bien de l'être aimé ou de l'humanité avec une ferveur touchante. La fortune peut le tenter mais ne le retient pas. Les honneurs ? II ne sait guère ce qu'ils sont et les place à leur juste rang, celui de l'illusion. Car c'est uniquement avec « désintéressement » au sens noble de ce mot qu'il peut jouer « le grand jeu ».
Le natif des Poissons a donc le sens aigu du dévouement et vit en quelque sorte dans un monde enchanté, « heureux comme un poisson dans l'eau ». Attention ! si on tente de le ramener sur terre, il s'évadera au fil de l'eau plutôt que de supporter les désillusions.
Dans ce cas, il faudra qu'il se garde de folâtrer trop près des rives, il risque de se laisser ligoter par les algues du bord, de se faire ramasser dans la prison d'un filet aux mailles serrées ou encore d'errer sans amarres avant de succomber dans un naufrage de l'âme. S'ils ne rencontrent pas un compagnon ou une compagne solide, les Poissons risquent de se noyer, de finir dans la folie. C'est leur errance qui risque d'entretenir un mystère qui charme les autres mais les désespère eux-mêmes, incapables qu'ils sont de découvrir leur propre vérité. Car ils agissent sans beaucoup de discernement tout en eux est perçu comme diffus, flou, auréolé de mystère. Parfois, ils perdent le sens des valeurs, des proportions, aveuglés par toutes sortes de sentiments irrationnels qui les guident pour le meilleur et pour le pire. La fameuse phrase d'Einstein mourant en avouant qu'il aurait préféré « être plombier », traduit ce désarroi, même chez un génie de la science comme lui.
Gaffeur, hésitant, impressionnable
Cette incertitude d'un contexte entraîne les Poissons à commettre des gaffes terribles lorsque leur précieuse intuition les déserte dans un moment de fatigue. Mais d'un prompt rétablissement, d'un coup d'aileron habile, ils savent aussi vite se rattraper, à tâtons, toutes leurs antennes aux aguets.
Un but à toutes les impressions, même les plus infimes, souffrant d'un excès de richesses, le Poissons a le défaut de ses qualités, il ne parvient pas à sérier, à hiérarchiser, à s 'imposer un ordre de valeurs, une démarche dans le temps.
Il se montrera très efficace si l'on établit un planning pour lui, mais il aura beaucoup de difficultés à décider seul, sans équipe, sans amis, sans conseiller, sans « tuteur ». Aussi se trouve-t-il plus à l'aise dans le domaine de la création solitaire et de la recherche scientifique qu'à la tête d'un groupe, sauf s'il partage avec ce groupe un idéal qui le porte et qu'il aide à défendre.
Ecartelé entre deux courants, il (ou elle) aurait tendance à s'enfuir après avoir un long moment vogué « entre deux eaux ». Et tout finirait « en queue de poisson ».
Lâche, mystique, naïf
II faut reconnaître que cette attitude ambiguë, ce désintérêt de l'action, cette distance qu'installe le Poissons entre lui et les autres peut le conduire à une certaine lâcheté. Par peur de faire mal, ce dont il a horreur, il refuse de trancher dans le vif. II « noie le poisson », supporte difficilement les crises de jalousie mais ne fait rien pour les dissiper, flotte sans cesse à la limite de la rupture, s'éprend et se déprend avec une égale facilité, ne songe jamais à se justifier de l'un ou de l'autre. II n'a d'héroïsme que pour les grandes idées. Alors là, il sait se dépasser, s'oublier, se montrer irremplaçable, inégalable. La mort ne lui fait pas peur. II peut trouver encore le moyen de réunir, face à elle, toute sa dignité. Car les Poissons aspirent à une fusion avec le divin, avec le surréel, la transcendance, avec le royaume de l'Idée. Souvent leur cause les dépasse et ils se dévouent entière ment pour elle. Les Poissons, à tous les stades de leur développement, ont une immense nostalgie de l'infini, le sens des secrets cosmiques, l'attrait de la poésie. Presque naturellement, ils ont peu ou prou le souffle, l'élan, la pensée, l'intuition, le frémissement de la poésie.
Cela leur donne une naïveté, une pureté, qui font à la fois les délices et l'agacement de leur entourage. Mais cette naïveté est leur force. Leurs yeux perpétuellement clairs et noyés, grands ouverts d'étonnement et d'intérêt vague, leur manière de tout accueillir avec un optimisme candide les préserve de bien des chagrins : ils ont la force de leur faiblesse.
Oblatif, prolifique, rêveur
Rêvant de s'immoler, le natif des Poissons s'offre perpétuellement en holocauste. Ne trouvant guère de centre de gravité en lui, il cherche une raison supérieure. Cela ne va pas sans romantisme, sans masochisme, sans gratuité. On peut être excédé par cette perpétuelle manière d'imposer un sacrifice que personne n'exige. Pour lui, un amour total ne va pas sans oubli de soi. II peut donc être un merveilleux partenaire pour une grande aventure amoureuse, où il ira toujours plus loin que l'autre dans les concessions et les effacements. Mais on peut craindre aussi que l'image de l'être même ne se dissolve à un point tel qu'il n'en tienne plus compte et qu'il l'abandonne à sa destinée. Cette tendance à se battre la coulpe pour des faits souvent imaginaires peut déconcerter les amis d'un Poissons.
C'est peut-être ce sens du mystère et de la nuit qui pousse le Poissons au sacrifice. Alors, on se réfugie dans la richesse prolifique de l'imaginaire. S'il a une grande difficulté à se construire et à préserver sa personnalité dans la vie réelle, le Poissons est imbattable sur le plan de l'imaginaire et du surréel.
II vit un rêve permanent, structuré, parallèle à sa vie, riche d'impulsions qui le dépassent ; il règne sur un univers qui le terrifie moins que la vie quotidienne quoique bien plus redoutable en fait. Seule la face cachée, la face ignorée des choses et des êtres peut combler ce grand trou d'être, ce grand appel d'air dont il souffre vertigineusement. II peut même avoir des moments totalement visionnaires, à un point parfois inquiétant.
Solidaire, versatile
Un natif des Poissons ne se sent plus comme le Scorpion « solitaire, solidaire », mais entouré et solidaire. Solidaire, non plus dans l'abstraction, la pensée, mais au contraire dans l'action et la participation. Solidaire de la liberté et des souffrances humaines, solidaire du Cosmos qu'il explore, du macrocosme comme du microcosme. Autant il peut se montrer volage auprès d'un seul être, autant il se montre incapable de trahir une cause. Ayant des tendances au mensonge, à la mythomanie, à la fantaisie, au chaotique, il sera dans son entreprise d'une parfaite loyauté et d'un courage inébranlable.
S'il ne trouve pas au cours de sa vie cette solidarité active, il risque de flotter définitivement au fil de l'eau, capricieux, versatile, confusément insatisfait, incapable de sortir du tourbillon où il s'est plongé. Alors ce sera définitivement l'échec, le cercle vicieux.